Warren Mosler
2012
Valance Co., Inc.,
Traduction par Robert Cauneau – MMT France
Escroquerie innocente et mortelle n° 1
L’État fédéral doit collecter des fonds par le biais de l’imposition ou de l’emprunt en vue de dépenser. Dit autrement, les dépenses publiques sont limitées par sa capacité à taxer ou à emprunter.
Les Faits :
Les dépenses de l’État fédéral ne sont en aucun cas opérationnellement limitées par ses recettes, ce qui signifie qu’il n’y a pas de « risque de solvabilité ». En d’autres termes, l’État fédéral peut toujours effectuer tous les paiements dans sa propre devise, quelle que soit l’importance du déficit ou le peu d’impôts qu’il perçoit.
[NdT : Dans le langage francophone courant, le mot « devise » évoque le concept de “devise étrangère”. Par contre, dans le langage MMT, il se rapporte également, implicitement dans le sens de « devise nationale », à la monnaie spécifique d’un État, par opposition au concept général de monnaie.]
Demandez à n’importe quel membre du Congrès (comme je l’ai fait à maintes reprises) ou à n’importe quel simple citoyen comment tout cela fonctionne, et il ou elle vous dira avec emphase que : « ….l’État doit soit taxer, soit emprunter pour obtenir les fonds à dépenser, tout comme n’importe quel ménage doit obtenir la monnaie dont il a besoin pour dépenser. » D’où l’inévitable question des soins de santé, de la Défense, de la Sécurité Sociale et de toutes les autres dépenses publiques:
Comment allez-vous payer pour ça ???!!!
C’est la question qui tue, celle que personne ne comprend bien, et obtenir la bonne réponse à cette question est au cœur de l’objectif d’intérêt public qui sous-tend la rédaction de ce livre.
Dans les développements qui suivent, tout vous sera révélé sans théorie et sans philosophie, juste quelques faits têtus et froids. Je réponds à cette question en examinant d’abord la façon exacte dont les impôts étatiques sont perçus, puis la façon dont l’État dépense.
Comment l’État fédéral impose-t-il ?
Commençons par examiner ce qui se passe si vous payez vos impôts par chèque. Lorsque l’État américain reçoit votre chèque, qu’il le dépose et le « compense », tout ce qu’il fait est de modifier les chiffres de votre compte bancaire « à la baisse » en soustrayant le montant de votre chèque de votre solde. L’État reçoit-il réellement quelque chose de réel à donner à quelqu’un d’autre ? Non, ce n’est pas comme s’il y avait une pièce d’or à dépenser. Vous pouvez le constater avec les services bancaires en ligne : regardez le solde de votre compte bancaire sur votre écran d’ordinateur. Supposons que le solde de votre compte soit de 5.000 $ et que vous fassiez un chèque de 2.000 $ à l’État. Que se passe-t-il lorsque ce chèque est encaissé (traité) ? Le 5 se transforme en 3 et votre nouveau solde est maintenant de 3.000 $. Tout cela sous vos yeux ! L’État n’a pas vraiment « obtenu » quoi que ce soit à donner à quelqu’un d’autre. Aucune pièce d’or n’est tombée dans un seau à la Fed [NdT : banque centrale américaine]. Ils ont juste changé les chiffres des comptes bancaires – rien n’est « allé » nulle part.
Et que se passerait-il si vous vous rendiez à votre bureau local de l’IRS [NdT : il s’agit de l’Internal Revenue Service (IRS), l’agence de l’État fédéral des États-Unis qui collecte l’impôt sur le revenu et diverses taxes] pour payer vos impôts avec du cash ? Tout d’abord, vous remettriez votre paquet de monnaie à l’agent en service en guise de paiement. Ensuite, celui-ci vous remettrait un reçu et, espérons-le, un remerciement pour avoir aidé à payer la Sécurité Sociale, les intérêts sur la dette nationale et la guerre en Irak. Puis, après que vous, le contribuable, vous ayez quitté la pièce, il prendrait la monnaie durement gagnée que vous venez de débourser et la jetterait dans une déchiqueteuse.
Oui, elle est jetée. Détruite ! Pourquoi ? Elle n’a plus d’utilité. Comme un ticket pour le Super Bowl [NdT : championnat de football américain]. Une fois que vous entrez dans le stade et que vous remettez au préposé un ticket qui valait peut-être 1.000 $, il le déchire et le jette. En fait, vous pouvez acheter de la monnaie déchiquetée à Washington, D.C.
Donc, si l’État jette votre cash après l’avoir perçu, comment ce cash sert-il à payer quoi que ce soit, comme la Sécurité Sociale et les autres dépenses de l’État ? En fait, il ne le fait pas.
Comprenez-vous maintenant pourquoi il est insensé de penser que l’État doit obtenir de la monnaie en taxant pour pouvoir dépenser ? En aucun cas, il ne « reçoit » quoi que ce soit qu’il « utilise » par la suite. Donc, si l’État n’obtient rien lorsqu’il impose, comment et que dépense-t-il ?
Comment l’État fédéral dépense-t-il ?
Imaginez que vous vous attendez à ce que votre paiement de 2.000 $ à la Sécurité Sociale arrive sur votre compte bancaire, qui en contient déjà 3.000 $. Si vous regardez votre compte sur l’écran d’ordinateur, vous pouvez voir comment l’État dépense sans rien avoir à dépenser. Presto ! Soudain, votre relevé de compte qui montrait 3.000 $ montre maintenant 5.000 $. Qu’a fait l’État pour vous donner cette monnaie ? Il a simplement changé le montant de votre compte bancaire de 3.000 à 5.000. Il n’a pas pris une pièce d’or pour la marteler dans un ordinateur. Tout ce qu’il a fait, c’est changer un chiffre dans votre compte bancaire en faisant des entrées de données sur sa propre feuille de calcul, qui est liée à d’autres feuilles de calcul dans le système bancaire. Les dépenses de l’État se font par la saisie de données sur sa propre feuille de calcul appelée « Le système monétaire du dollar américain ». Voici une citation du bon président de la Banque fédérale de réserve, Ben Bernanke, à l’émission « 60 Minutes for support » :
SCOTT PELLEY : Est-ce la monnaie des contribuables que la Fed dépense ?
PRÉSIDENT BERNANKE : Ce n’est pas la monnaie des contribuables. Les banques ont des comptes auprès de la Fed, un peu comme vous avez un compte dans une banque commerciale. Donc, pour prêter à une banque, nous utilisons simplement l’ordinateur pour faire monter le niveau du compte qu’elle a à la Fed.
Le Président de la Federal Reserve Bank nous dit en langage clair qu’ils donnent de la monnaie (dépenser et prêter) simplement en changeant les chiffres dans les comptes bancaires. Il ne s’agit en aucune façon d’avoir à « obtenir » des impôts (ou des emprunts) pour faire une entrée dans un tableur que nous appelons « dépenses publiques ». Les données informatiques ne viennent de nulle part. Tout le monde le sait !
Où ailleurs pouvons-nous voir cela se produire ? Votre équipe frappe un coup de pied de champ et sur le tableau d’affichage, le score passe de, disons, 7 points à 10 points. Est-ce que quelqu’un se demande où le stade a eu ces trois points ? Bien sûr que non ! Ou bien vous abattez 5 quilles au bowling et votre score passe de 10 à 15. Vous inquiétez-vous de l’endroit où le bowling a obtenu ces points ? Pensez-vous que toutes les salles de bowling et les stades de football devraient avoir une « réserve de points » dans une « coffre-fort » pour s’assurer que vous pouvez obtenir les points que vous avez marqués ? Bien sûr que non ! Et si le bowling découvre que vous avez commis une faute de pied et qu’il abaisse votre score de 5 points, est-ce que le bowling a maintenant plus de points à donner ? Bien sûr que non !
Nous savons tous comment fonctionne la saisie des données, mais nos politiciens, les médias et, surtout, les économistes les plus éminents de la société civile mettent en quelque sorte les choses à l’envers.
Gardez ceci à l’esprit comme point de départ : L’État fédéral « n’a pas », ni « n’a besoin d’avoir », de dollars.
C’est comme le stade, qui « n’a pas » ou « n’a pas besoin d’avoir » d’un paquet de points à distribuer. En ce qui concerne le dollar, notre État, par l’entremise de ses organismes fédéraux, la Federal Reserve Bank et le département du Trésor des États-Unis, est celui qui tient les points. (Et il fixe aussi les règles !).
Vous avez maintenant la réponse opérationnelle à la question : « Comment allons-nous payer pour ça ? » Et la réponse est la suivante : de la même façon que l’État paie pour tout, il change les chiffres de nos comptes bancaires.
L’État fédéral ne va pas « manquer de monnaie », comme notre Président l’a répété à tort. Il n’y a rien de tel. Il n’est pas non plus dépendant de « recevoir » des dollars de la Chine ou d’ailleurs. Tout ce qu’il faut à l’État pour dépenser, c’est changer les chiffres dans les comptes bancaires de sa propre banque, la Federal Reserve Bank. Il n’y a pas de limite numérique au montant de monnaie que notre État peut dépenser, quand il le veut. (Cela comprend le paiement des intérêts, de la Sécurité Sociale et de l’assurance-maladie.) Cela englobe tous les paiements de l’État effectués en dollars à qui que ce soit.
Cela ne veut pas dire que les dépenses excessives de l’État n’entraîneront pas nécessairement une hausse des prix (c’est-à-dire de l’inflation). Mais cela veut dire que l’État ne peut pas faire défaut et ne peut pas faire faillite. Tout simplement, ceci n’existe pas1.
Alors pourquoi personne au gouvernement ne semble-t-il comprendre cela ? Pourquoi le Ways and Means Committee du Congrès s’inquiète-t-il de « comment nous allons payer pour cela ? » Il se peut qu’ils croient à l’idée populaire que l’État fédéral, tout comme n’importe quel ménage, doit d’abord » obtenir » de la monnaie pour pouvoir le dépenser. Oui, ils ont entendu dire que c’est différent pour un État, mais ils n’y croient pas vraiment, et il n’y a jamais une explication convaincante qui ait du sens pour eux.
Ce qui leur manque, à tous, c’est la différence entre dépenser votre propre devise que vous seul créez et dépenser une devise que quelqu’un d’autre crée. Pour bien utiliser cette analogie commune entre l’État fédéral et les ménages de façon significative, nous examinerons ci-après un exemple d’une » devise » créée par un ménage.
L’histoire commence par la création par les parents de coupons qu’ils utilisent ensuite pour payer leurs enfants en contrepartie de diverses tâches ménagères. De plus, pour « conduire le modèle », les parents demandent aux enfants de leur payer une taxe de 10 coupons par semaine pour éviter toute punition. Cela ressemble beaucoup à l’imposition dans l’économie réelle, où nous devons payer nos impôts ou faire face à des pénalités. Les coupons sont maintenant la nouvelle devise des ménages. Considérez les parents comme « dépensant » ces coupons pour acheter des « services » (corvées) à leurs enfants. Avec cette nouvelle devise domestique, les parents, tout comme l’État fédéral, sont maintenant l’émetteur de leur propre devise. Et maintenant vous pouvez voir comment un ménage avec sa propre devise est en effet très semblable à un État avec sa propre devise.
Commençons par poser quelques questions sur le fonctionnement de cette nouvelle devise des ménages. Les parents doivent-ils d’une manière ou d’une autre obtenir des coupons de leurs enfants avant de pouvoir les leur payer pour effectuer des tâches ménagères ? Bien sûr que non ! En fait, les parents doivent d’abord dépenser leurs coupons en payant leurs enfants pour faire des tâches ménagères, pour pouvoir percevoir le paiement de 10 coupons par semaine de leurs enfants. Sinon, comment les enfants peuvent-ils obtenir les coupons qu’ils doivent à leurs parents ?
De même, dans l’économie réelle, l’État fédéral, tout comme ce ménage qui possède ses propres coupons, n’a pas besoin de tirer les dollars qu’il dépense des impôts ou des emprunts, ou de n’importe quel autre moyen, pour pouvoir les dépenser. Grâce à la technologie moderne, l’État fédéral n’a même pas besoin d’imprimer les dollars qu’il dépense comme les parents impriment leurs propres coupons.
N’oubliez pas que l’État fédéral lui-même n’a ni ne doit avoir de dollars, pas plus que le bowling n’a de réserve de points. En ce qui concerne le dollar, c’est notre État fédéral qui marque les points. Et combien de coupons les parents ont-ils dans l’histoire des coupons parents/enfants ? Ça n’a pas d’importance. Ils pourraient même simplement écrire sur une feuille de papier combien de coupons les enfants leur doivent, combien ils ont gagné et combien ils ont payé chaque mois. Lorsque l’État fédéral dépense, les fonds ne « proviennent » de nulle part, pas plus que les points « proviennent » du stade de football ou de la salle du bowling. La perception des impôts (ou des emprunts) n’augmente pas non plus d’une façon ou d’une autre la » réserve de fonds » de l’État disponible pour les dépenses.
En fait, les personnels du Trésor américain qui dépensent réellement la monnaie (en changeant les chiffres des comptes bancaires vers le haut) n’ont même pas les numéros de téléphone des personnels de l’IRS qui perçoivent les impôts (qui changent les chiffres des comptes bancaires vers le bas), ni ceux des autres personnels du Trésor américain qui font les « emprunts » ( qui émettent les titres du Trésor), et ils ne sont pas en contact avec eux. Si le montant des impôts ou des emprunts était important pour pouvoir dépenser, on pourrait penser qu’ils connaîtraient au moins les numéros de téléphone des uns et des autres ! De toute évidence, cela n’a pas d’importance pour ce qu’ils ont à faire.
De notre point de vue (pas celui de l’État fédéral), nous devons d’abord avoir des dollars américains pour être en mesure d’effectuer des paiements. Tout comme les enfants doivent obtenir les coupons de leurs parents avant de pouvoir effectuer leurs paiements hebdomadaires. Et les gouvernements des états [NdT : fédérés], les villes et les entreprises sont tous dans le même bateau. Ils ont tous besoin d’être capables d’obtenir d’une façon ou d’une autre des dollars avant qu’ils ne puissent les dépenser. Cela pourrait signifier les gagner, les emprunter ou vendre quelque chose pour obtenir les dollars dont ils ont besoin pour pouvoir les dépenser. En fait, pour des raisons de logique, les dollars dont nous avons besoin pour payer les impôts doivent, directement ou indirectement, dès la création de la monnaie, provenir des dépenses publiques (ou des prêts publics, dont je parlerai plus loin).
Créons maintenant une devise nationale à partir de rien. Imaginons un nouveau pays avec une devise nouvellement créée. Personne n’en possède. Ensuite, l’État proclame, par exemple, qu’il y aura un impôt foncier. Alors, comment peut-on le payer ? C’est impossible, avant que l’État commence à dépenser. Ce n’est qu’après que l’État a dépensé sa nouvelle monnaie que la population dispose des fonds nécessaires pour payer l’impôt.
Je le répète : les fonds pour payer les impôts, dès le départ, proviennent des dépenses (ou des prêts) de l’État. D’où peuvent-ils venir d’ailleurs?2
Oui, cela signifie que l’État doit d’abord dépenser pour nous fournir les fonds dont nous avons besoin pour payer nos impôts. Dans ce cas-ci, l’État est exactement comme les parents qui doivent d’abord dépenser leurs coupons avant de pouvoir commencer à les réclamer à leurs enfants. Et, ni l’État, ni les parents, dès le départ, ne peuvent percevoir plus de leur propre devise qu’ils n’en dépensent. D’où autrement serait-il possible qu’elle vienne ?3
Ainsi, même si nos politiciens croient vraiment que l’État doit prendre nos dollars, que ce soit en taxant ou en empruntant, pour qu’ils puissent dépenser, la vérité est que :
Nous avons besoin des dépenses de l’État fédéral pour obtenir les fonds dont nous avons besoin pour payer nos impôts.
Nous ne pouvons pas changer les chiffres, comme le fait l’État fédéral (ou le bowling et le stade de football).4 Et tout comme les enfants qui doivent gagner ou obtenir leurs coupons pour effectuer les paiements de leurs coupons, nous devons gagner ou obtenir des dollars américains pour payer nos impôts. Et, comme vous le comprenez maintenant, c’est exactement comme le cas de tout ménage qui émet ses propres coupons. Les coupons dont les enfants ont besoin pour faire leurs paiements à leurs parents doivent venir de leurs parents.
Et, comme nous l’avons déjà dit, les dépenses publiques ne sont en aucun cas limitées sur le plan opérationnel par les recettes (paiements d’impôts et emprunts). Oui, il peut y avoir et il y a des contraintes » auto-imposées » sur les dépenses imposées par le Congrès, mais c’est une tout autre affaire. Il s’agit notamment des règles sur le plafond de la dette, des règles sur les découverts du Trésor et des restrictions imposées par la Fed à l’achat de titres du Trésor. Elles sont toutes imposées par un Congrès qui n’a pas une connaissance pratique du système monétaire. De plus, avec nos arrangements monétaires actuels, toutes ces contraintes que nous nous imposons sont contre-productives en termes d’intérêt public.
Tout ce qu’ils font, c’est mettre des blocages dans la plomberie monétaire qui autrement ne seraient pas là, et de temps en temps, créer des problèmes qui ne se poseraient pas autrement. En fait, ce sont certains de ces blocages auto-imposés qui ont fait se propager la dernière crise financière sur l’économie réelle et contribué à la récession.
Le fait que les dépenses publiques ne soient en aucun cas limitées sur le plan opérationnel par les recettes signifie qu’il n’y a pas de « risque de solvabilité ». En d’autres termes, l’État fédéral peut toujours effectuer tous les paiements dans sa propre devise nationale, peu importe l’ampleur du déficit ou le faible montant des impôts qu’il perçoit.
Toutefois, cela ne signifie PAS que l’État peut dépenser tout ce qu’il veut sans conséquence. Les dépenses excessives peuvent faire grimper les prix et alimenter l’inflation.
Ce que cela signifie, c’est qu’il n’y a pas de risque de solvabilité, c’est-à-dire que l’État fédéral ne peut pas faire faillite, et que notre État ne peut pas être » à court de monnaie à dépenser « , comme le Président Obama l’a dit à plusieurs reprises, à tort5 . Les dépenses de l’État américain ne sont pas limitées, comme il a également dit, par la possibilité d’emprunter.
Donc la prochaine fois que vous entendrez : « D’où viendra la monnaie pour la Sécurité Sociale ? » Dites-leur : « C’est juste de la saisie de données. Elle vient du même endroit que votre score au bowling. »
Autrement dit, les chèques de l’État américain ne peuvent pas être sans provision, à moins que l’État ne décide de refuser ses propres chèques.
Les chèques de l’État fédéral ne peuvent pas être sans provision.
Il y a quelques années, j’ai fait une présentation intitulée « Les chèques de l’État ne peuvent pas être sans provision » en Australie, dans le cadre d’une conférence économique. Dans l’auditoire se trouvait le responsable de la recherche de la Reserve Bank of Australia, M. David Gruen. Cela a été un grand drame. Je donnais des conférences depuis plusieurs années à ce groupe d’universitaires, et je n’avais pas convaincu la plupart d’entre eux que la solvabilité de l’État n’était pas un problème. Ils commençaient par la phrase familière : « Ce que les Américains ne comprennent pas, c’est que c’est différent pour une petite économie ouverte comme l’Australie par rapport aux États-Unis ».
Il ne semblait y avoir aucun moyen de faire comprendre à leurs crânes (peut-être) sur-éduqués qu’au moins à cette fin, rien de tout cela n’a d’importance. Une feuille de calcul est une feuille de calcul. Tous, sauf un professeur, Bill Mitchell, et quelques-uns de ses collègues, semblaient avoir ce blocage mental, et ils craignaient profondément ce qui se passerait si les marchés se retournaient contre l’Australie pour les empêcher de « financer le déficit ».
J’ai donc commencé mon exposé sur la façon dont les chèques de l’État américain ne peuvent pas être sans provision, et après quelques minutes, la main de David s’est enflammée avec cette déclaration familière à tous les étudiants modestement avancés en économie : « Si le taux d’intérêt de la dette est supérieur au taux de croissance du PIB, alors la dette de l’État est insoutenable. » Cela n’était même pas présenté comme une question, mais énoncé comme un fait.
Je répondis alors : « Je suis un type qui réalise des opérations, David, alors dites-moi, qu’entendez-vous par le mot » insoutenable » ? Voulez-vous dire que si le taux d’intérêt est très élevé et que, dans 20 ans, la dette publique atteint un niveau suffisamment élevé, l’État ne sera plus en mesure de payer ses intérêts ? Et s’il fait un chèque à un retraité, que ce chèque sera sans provision ? »
David devint très silencieux, très concentré, y réfléchissant. « Vous savez, quand je suis arrivé ici, je ne pensais pas avoir à réfléchir au fonctionnement de la compensation par chèque de la Banque de réserve « , déclara-t-il, avec une tentative d’humour. Mais personne dans la pièce ne riait ou ne faisait de bruit. Ils étaient totalement concentrés sur ce que pourrait être sa réponse. C’était une « épreuve de force » sur cette question. David dit finalement : « Non, nous allons encaisser le chèque, mais cela causera de l’inflation et la monnaie baissera. C’est ce que les gens entendent par insoutenable. »
Il y eut un silence de mort dans la pièce. Le long débat était terminé. La solvabilité n’est pas un problème, même pour une petite économie ouverte. Bill et moi avons instantanément inspiré un niveau élevé de respect, qui prit la forme apparente habituelle de « bien sûr, nous avons toujours dit cela » de la part de ces personnes qui auparavant étaient incrédules et sceptiques.
Je poursuivis avec David : « Eh bien, je pense que la plupart des retraités s’inquiètent de savoir si les fonds seront là quand ils prendront leur retraite, et si l’État australien sera en mesure de les payer ». A quoi David répondit : « Non, je pense qu’ils sont inquiets de l’inflation et du niveau du dollar australien ». Puis le professeur Martin Watts, chef du département d’économie de l’université de Newcastle, ajouta : « Ils sont vraiment fous, David ! » A ce propos, David concéda très sérieusement : « Oui, je suppose que vous avez raison. »
Alors, qu’est-ce qui a été confirmé aux universitaires de Sydney présents ce jour-là ? Les États, en utilisant leur propre monnaie, peuvent dépenser ce qu’ils veulent, quand ils le veulent, tout comme le stade de football peut mettre des points sur le tableau à volonté. Les conséquences d’un dépassement des dépenses peuvent être l’inflation ou une baisse de la devise, mais jamais des chèques sans provision.
Le fait est que les déficits publics ne peuvent jamais faire en sorte qu’un État fasse défaut sur un paiement, quel qu’en soit le montant. Il n’y a pas de problème de solvabilité. Il n’y a rien de tel que de manquer de monnaie lorsque les dépenses ne font que changer les chiffres à la hausse dans les comptes bancaires de sa propre Federal Reserve Bank.
Oui, les ménages, les entreprises et même les États [Ndt : fédérés] doivent avoir des dollars dans leurs comptes bancaires lorsqu’ils émettent des chèques, sinon ces chèques seront refusés. C’est parce que les dollars qu’ils dépensent sont créés par quelqu’un d’autre – l’État fédéral – et les ménages, les entreprises et les États [Ndt : fédérés] ne sont pas les marqueurs pour le dollar.
Pourquoi l’État fédéral prélève-t-il des impôts ?
Alors pourquoi l’État fédéral nous taxe-t-il, s’il n’obtient rien pour dépenser ou s’il n’a rien à obtenir dépenser ? (Indice : c’est la même raison pour laquelle les parents exigent 10 coupons par semaine de leurs enfants, alors qu’ils n’en ont pas besoin pour quoi que ce soit.)
Il y a une très bonne raison pour laquelle il nous taxe. Les impôts créent un besoin continu dans l’économie d’obtenir des dollars, et donc un besoin continu pour les gens de vendre leurs biens et services et leur main-d’œuvre pour obtenir des dollars. Une fois le passif fiscal en place, l’État peut acheter des choses avec ses dollars qui sont sans valeur, parce que quelqu’un a besoin de ces dollars pour payer ses impôts. Tout comme l’impôt sur les coupons à l’encontre des enfants crée un besoin continu de coupons, qui peuvent être gagnés en faisant des corvées au profit des parents. Pensez à une taxe foncière. (Vous n’êtes pas prêt à penser à l’impôt sur le revenu – c’est la même chose, mais c’est beaucoup plus indirect et plus compliqué). Vous devez payer l’impôt foncier en dollars, ou bien vous perdez votre maison. C’est comme la situation des enfants, car ils doivent obtenir 10 coupons ou en tirer conséquences. Vous êtes donc maintenant motivé à vendre des choses – des biens, des services, votre propre main-d’œuvre – pour obtenir les dollars dont vous avez besoin. C’est comme les enfants, qui sont motivés à faire les corvées pour obtenir les coupons dont ils ont besoin.
Enfin, je dois faire le lien entre les personnes qui ont besoin de dollars pour payer leurs impôts et celles qui veulent et utilisent des dollars pour la quasi-totalité de leurs achats et de leurs ventes. Pour ce faire, revenons à l’exemple d’un nouveau pays doté d’une nouvelle monnaie, que j’appellerai « la couronne », où l’État prélève une taxe foncière. Supposons que l’État prélève cette taxe dans le but de lever une armée et qu’il offre des emplois aux soldats qui sont payés en « couronnes ». Soudain, beaucoup de personnes qui possèdent des biens doivent maintenant obtenir des couronnes, et beaucoup d’entre elles ne voudront pas obtenir des couronnes directement de l’Etat en servant comme soldats. Elles commencent donc à proposer leurs biens et leurs services à la vente en échange des nouvelles couronnes dont elles ont besoin et qu’elles souhaitent, en espérant obtenir ces couronnes sans avoir à s’engager dans l’armée. D’autres personnes voient maintenant beaucoup de choses à vendre qu’elles aimeraient avoir – des poulets, du maïs, des vêtements et toutes sortes de services comme des coupes de cheveux, des services médicaux et bien d’autres services. Les vendeurs de ces biens et services veulent recevoir des couronnes pour éviter d’avoir à s’engager dans l’armée afin d’obtenir la monnaie nécessaire pour payer leurs impôts. Le fait que toutes ces choses soient proposées à la vente en échange de couronnes incite d’autres personnes à rejoindre l’armée pour obtenir la monnaie nécessaire à l’achat de certains de ces biens et services.
En fait, les prix vont s’ajuster jusqu’à ce que l’État incite autant de soldats qu’il le souhaite à se joindre à l’armée. Parce que d’ici là, il n’y aura pas assez de couronnes dépensées par l’État pour permettre aux contribuables de payer tous leurs impôts, et ceux qui ont besoin de couronnes, qui ne veulent pas entrer dans l’armée, vont réduire le prix de leurs biens et services autant qu’ils le doivent pour pouvoir les vendre, ou alors jeter l’éponge et s’engager eux-mêmes.
Ce qui suit n’est pas seulement un concept théorique. C’est exactement ce qui s’est passé en Afrique dans les années 1800, lorsque les Britanniques y ont établi des colonies pour y faire pousser des cultures. Les Britanniques offraient des emplois à la population locale, mais, parmi elle, personne n’était intéressé à gagner des pièces britanniques. Les Britanniques ont donc imposé une « taxe de cabane » sur tous leurs logements, payable uniquement en pièces britanniques. Soudain, la zone devint « monétisée », dans la mesure où tout le monde avait désormais besoin de pièces britanniques. La population locale commença à offrir des choses à vendre, ainsi que sa main-d’œuvre, pour obtenir la monnaie nécessaire. Les Britanniques pouvaient alors les embaucher et les payer en pièces de monnaie britanniques pour travailler les champs et cultiver leurs récoltes.
C’est exactement ce que les parents ont fait pour obtenir des heures de travail de leurs enfants pour accomplir les tâches ménagères. Et c’est exactement ce que l’on appelle les « monnaies non convertibles » (il ne reste plus d’étalons or et très peu de taux de change fixes), comme le dollar américain, le yen japonais et la livre sterling.
Nous sommes maintenant prêts à examiner le rôle des impôts sous un angle différent, celui de l’économie actuelle, en utilisant le langage de l’économie. Un économiste érudit dirait aujourd’hui que « les taxes servent à réduire la demande globale ». Leur expression, « demande globale », n’est qu’un terme sophistiqué pour « pouvoir d’achat ».
L’État nous impose et nous prive de notre monnaie pour une seule raison : nous avons ainsi beaucoup moins à dépenser, ce qui rend la monnaie encore plus rare et précieuse. On peut aussi considérer que le fait de nous priver de notre monnaie laisse une marge de manœuvre à l’État pour dépenser sans causer d’inflation. Voyez l’économie comme un grand magasin rempli de tous les biens et services que nous produisons et mettons en vente chaque année. Nous recevons tous assez de salaires et de profits pour tout acheter dans ce magasin, en supposant que nous dépensions toute la monnaie que nous gagnons et tous les profits que nous faisons. (Et si nous empruntions pour dépenser, nous pourrions acheter encore plus que ce qu’il n’y en a dans ce magasin). Mais lorsqu’une partie de notre monnaie sert à payer des impôts, nous n’avons pas le pouvoir d’achat dont nous avons besoin pour acheter tout ce qui est à vendre dans le magasin. Cela donne à l’État la « marge de manœuvre » pour acheter ce qu’il veut, de sorte que lorsqu’il dépense ce qu’il veut, les dépenses combinées de l’État et du reste d’entre nous ne sont pas trop élevées pour ce qui est à vendre dans le magasin.
Cependant, lorsque l’État émet trop d’impôts – par rapport à ses dépenses – les dépenses totales ne suffisent pas pour s’assurer que tout ce qui se trouve dans le magasin sera vendu. Lorsque les entreprises ne peuvent pas vendre tout ce qu’elles produisent, les gens perdent leur emploi et ont encore moins de monnaie à dépenser, donc encore moins à vendre. Ensuite, un plus grand nombre de personnes perdent leur emploi et l’économie s’enfonce dans une spirale descendante que nous appelons une récession.
N’oubliez pas que l’objectif public qui sous-tend les mesures prises par l’État est de fournir une infrastructure publique. Cela comprend l’armée, le système juridique, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif du gouvernement, etc. Il y a donc beaucoup de choses que même les électeurs les plus conservateurs voudraient que l’État fasse.
Je vois donc les choses de la façon suivante : pour le « bon » montant des dépenses publiques, dont nous supposons qu’il est nécessaire pour faire fonctionner le pays comme nous voudrions qu’il le fasse, quel devrait être le montant des impôts ? Si je vois les choses ainsi, c’est parce que le « montant correct des dépenses publiques » est une décision économique et politique qui, bien comprise, n’a rien à voir avec les finances publiques. Les » coûts » réels de fonctionnement de l’État sont les biens et services réels qu’il consomme – toutes les heures de travail, carburant, électricité, acier, fibre de carbone, disques durs, etc. qui seraient autrement disponibles pour le secteur privé. Ainsi, lorsque l’Etat prend ces ressources réelles pour ses propres fins, il reste beaucoup moins de ressources réelles pour l’activité du secteur privé. Par exemple, le coût réel de l’armée « de taille adéquate » avec suffisamment de soldats pour la défense est qu’il reste moins d’ouvriers dans le secteur privé pour produire la nourriture, construire les voitures, faire les soins et les tâches administratives, nous vendre des stocks et des biens immobiliers, peindre nos maisons, tondre nos pelouses, etc. etc.
Par conséquent, selon moi, nous fixons d’abord la taille de l’État au « bon » niveau de l’infrastructure publique, en fonction des avantages et des coûts réels, et non des considérations « financières ». Le système monétaire est alors l’outil que nous utilisons pour atteindre nos objectifs économiques et politiques réels, et non la source d’information sur la nature de ces objectifs. Ensuite, après avoir décidé ce qu’il faut dépenser pour avoir un État de la bonne taille, nous ajustons les impôts afin d’avoir suffisamment de pouvoir d’achat pour acheter ce qui est encore à vendre dans le « magasin » une fois que l’État en a fini avec ses achats. En général, je m’attends à ce que les impôts soient un peu moins élevés que les dépenses gouvernementales, pour des raisons déjà expliquées et qui seront développées plus loin dans ce livre. En fait, un déficit budgétaire d’environ 5 p. 100 de notre produit intérieur brut pourrait s’avérer être la norme, ce qui, dans l’économie actuelle, représente environ 750 milliards de dollars par année. Toutefois, ce nombre n’a aucune conséquence économique particulière en soi et pourrait être beaucoup plus élevé ou beaucoup plus bas, selon les circonstances. Ce qui importe, c’est que le but des impôts est d’équilibrer l’économie et de s’assurer qu’il ne fait pas trop chaud ou trop froid. Et les dépenses de l’État fédéral sont fixées à ce montant exact, compte tenu de la taille et de la portée de l’État que nous voulons.
Cela signifie que nous ne devrions PAS augmenter la taille de l’État pour aider l’économie à sortir d’un ralentissement. Nous devrions déjà être à la bonne taille pour l’État et, par conséquent, ne pas l’augmenter à chaque fois que l’économie ralentit. Par conséquent, même si l’augmentation des dépenses gouvernementales en période de ralentissement fera effectivement fonctionner les chiffres et mettra fin à la récession, à mon avis, c’est beaucoup moins souhaitable que de réaliser la même chose avec des réductions d’impôt adéquates et de taille suffisante pour ramener les dépenses du secteur privé aux montants voulus.
Pire encore est d’augmenter la taille de l’État, simplement parce qu’il pourrait se retrouver avec un excédent. Encore une fois, les finances publiques ne nous disent rien sur la taille que devrait avoir l’État. Cette décision est totalement indépendante des finances publiques. Le montant correct des dépenses publiques n’a rien à voir avec les recettes fiscales ou la capacité d’emprunter, car ces deux éléments ne sont que des outils de mise en œuvre de la politique au nom de l’intérêt public, et non des raisons de dépenser ou non, et non des sources de revenus nécessaires aux dépenses publiques réelles.
Je préciserai le rôle que j’envisage pour l’État plus loin dans ce livre, mais soyez assuré que ma vision est celle d’un État beaucoup plus rationalisé et efficace, un État qui se concentre intensément sur les éléments fondamentaux de l’intérêt public. Heureusement, il existe des moyens facilement accessibles et infiniment sensés de le faire. Nous pouvons mettre en place les bonnes mesures incitatives qui canalisent les forces du marché avec des conseils pour mieux promouvoir l’intérêt public avec beaucoup moins de réglementation. Il en résultera un État et une culture qui continueront de faire l’envie du monde. Ce sera un État qui exprimera nos valeurs américaines de récompenser le travail acharné et l’innovation, et de promouvoir l’égalité des chances, des résultats équitables et des lois et règlements exécutoires que nous pourrons respecter avec une véritable fierté.
Mais je digresse par rapport au sujet. Pour en revenir à la question de savoir à quel niveau les impôts doivent être élevés, rappelez-vous que si l’État essayait simplement d’acheter ce qu’il voulait acheter et n’enlevait rien de notre pouvoir de dépenser, il n’y aurait pas d’impôts – ce serait » trop de monnaie pour trop peu de biens « , avec pour résultat l’inflation. En fait, sans impôts, rien ne serait même mis en vente en échange de la monnaie de l’État, comme nous l’avons déjà dit.
Pour éviter que les dépenses de l’État ne causent ce genre d’inflation, l’État doit nous enlever une partie de notre pouvoir de dépenser en nous taxant, non pas pour payer quoi que ce soit, mais pour que ses dépenses ne causent pas d’inflation. Un économiste le dirait ainsi : les taxes servent à réguler la demande globale, et non à générer des recettes en soi. En d’autres termes, l’État nous taxe et nous retire notre monnaie pour prévenir l’inflation, et non pour obtenir notre monnaie afin de la dépenser.
Redit une fois de plus : Les impôts servent à réguler l’économie, et non à obtenir de la monnaie que le Congrès dépensera.
Encore une fois, l’État n’a pas, et n’a pas à avoir, de dollars ; il change simplement les chiffres de nos comptes bancaires en les augmentant lorsqu’il dépense et en les diminuant lorsqu’il impose. Tout cela, vraisemblablement dans l’objectif public de réguler l’économie.
Mais tant que l’État continuera de croire à cette première des sept escroqueries innocentes mortelles, à savoir qu’il a besoin d’obtenir de la monnaie en taxant ou en empruntant pour pouvoir dépenser, il continuera à engager des politiques qui limitent la production et l’emploi et nous empêchent d’obtenir des résultats économiques qui sont par ailleurs facilement accessibles.
Notes
1 Je sais que vous avez cette question en tête en ce moment. J’y répondrai un peu plus loin dans ce livre, mais permettez-moi d’énoncer la question et de vous donner une réponse rapide pour vous aider à passer à autre chose :
Question : Si l’État n’impose pas parce qu’il a besoin de monnaie à dépenser, pourquoi imposer?
Réponse : L’État fédéral taxe pour réguler ce que les économistes appellent la » demande globale « , qui est un mot sophistiqué pour désigner le » pouvoir de dépenser « . En bref, cela signifie que si l’économie est « trop chaude », l’augmentation des impôts la refroidira, et si elle est « trop froide », de même, la réduction des impôts la réchauffera. Les impôts ne visent pas à obtenir de la monnaie à dépenser, mais plutôt à réguler notre pouvoir de dépenser pour éviter d’en avoir trop et de causer de l’inflation, ou trop peu, ce qui entraîne chômage et récessions.
2 Pour ceux d’entre vous qui comprennent la comptabilité de réserve, notez que la Fed ne peut pas faire ce qu’on appelle un drainage de réserve sans faire un ajout de réserve. Que fait donc la Fed le jour du règlement lorsque les soldes du Trésor augmentent ? Elle fait des repos – pour ajouter les fonds au système bancaire que les banques doivent ensuite acheter sous forme de titres du Trésor. Sinon, les fonds ne seraient pas là pour acheter les titres du Trésor et les banques auraient des découverts dans leurs comptes de réserve. Et que sont les découverts à la Fed ? Sur le plan fonctionnel, un découvert est un prêt de l’État. Par conséquent, d’une manière ou d’une autre, les fonds utilisés pour acheter les titres du Trésor proviennent de l’État lui-même. Étant donné que les fonds nécessaires au paiement des impôts ou à l’achat de titres d’État proviennent des dépenses publiques, l’État est le mieux placé pour le faire.
3 Note sur le fonctionnement à l’intérieur du système bancaire : Lorsque vous payez des impôts en faisant un chèque à l’ordre de l’État fédéral, celui-ci débite le compte de réserve de votre banque à la Réserve fédérale. Les réserves bancaires ne peuvent provenir que de la Fed ; le secteur privé ne peut les générer. Si votre banque n’en a pas, le chèque que vous faites entraîne un découvert dans son compte de réserve. Un découvert est un prêt de la Fed. Donc, de toute façon, les fonds pour faire des paiements à l’État fédéral ne peuvent provenir que de l’État fédéral.
4 Un petit rappel rapide : nos États [NdT : fédérés] et nos administrations locales sont des utilisateurs du dollar américain, et non des émetteurs, comme l’État fédéral l’est. En fait, les États américains sont dans une situation similaire à la nôtre : comme eux, nous devons déposer des fonds sur nos comptes bancaires avant d’émettre nos chèques, faute de quoi ces chèques seront effectivement rejetés. Dans l’analogie parents-enfants, nous et les États [NdT : fédérés] sommes dans la même situation que les enfants, qui doivent les obtenir d’abord avant de pouvoir les donner.
5 Citations du président Barack Obama.
Texte original : https://moslereconomics.com
Illustration : https://www.facebook.com/FederationGalactiqueDeLumiere/