par
Warren Mosler
Traduction par
ROBERT CAUNEAU – MMT FRANCE
Article publié le 5 décembre 2013 dans usnews
Je suis un ardent partisan de l’idée de rendre permanente la politique actuelle de la Réserve fédérale en matière de taux d’intérêt, qui avoisine 0 %. Une politique de taux bas encourage les investissements à long terme pour que les entreprises se développent et deviennent plus efficaces, et pour que les ménages investissent dans de nouvelles maisons, ainsi que dans leurs améliorations et dans des appareils susceptibles d’améliorer leur efficacité, ce qui accroît la productivité à long terme et notre richesse réelle. De plus, la baisse des taux d’intérêt signifie que les entreprises vendent à des prix plus bas et qu’elles gardent leurs stocks en réserves, ce qui contribue à empêcher les pénuries soudaines de perturber la production et l’emploi.
Toutefois, ceux qui épargnent ne sont pas favorisés par les taux d’intérêt bas, et le secteur privé en général, y compris les ménages, est un épargnant net. De plus, des taux d’intérêt plus bas signifient moins de revenus pour les épargnants, ce qui nuit à l’économie. Mais il y a plus de dollars épargnés dans l’économie que de dollars empruntés.
Comment est-ce possible ? Pour chaque dollar emprunté aux banques, il n’y a qu’un dollar économisé. Les deux côtés sont égaux. On pourrait donc penser qu’une baisse des taux d’intérêt ne ferait que déplacer les dollars des épargnants vers les emprunteurs. Mais n’oubliez pas que le gouvernement est un grand payeur d’intérêts pour l’économie, qui détient des billions de dollars de dette publique. Et comment cela se fait-il ?
Le « déficit fédéral », c’est quand le gouvernement dépense plus qu’il n’impose. Et lorsque le gouvernement dépense un dollar, il n’y a que deux possibilités. Soit ce dollar sert à payer des impôts et est perdu pour l’économie, soit il reste dans l’économie. C’est ce que nous appelons « l’épargne monétaire ». Ainsi, le déficit public – les dollars dépensés par le gouvernement et non encore utilisés pour payer les impôts – sont en fait notre épargne monétaire. C’est ce qui explique pourquoi les entreprises et les ménages sont capables d’épargner autant. En fait, les dépenses du gouvernement en matière de déficit public abondent exactement autant notre épargne, au centime près, comme n’importe quel comptable du gouvernement le confirmera !
Cela signifie donc que lorsque la Fed baisse les taux, le Trésor paie moins d’intérêts sur sa dette à l’économie, et cela signifie moins de revenus pour l’économie. En d’autres termes, l’économie étant dans l’ensemble un gros épargnant, la baisse des taux d’intérêt élimine les revenus d’intérêt et agit donc comme une augmentation des impôts, ce qui nuit à l’économie.
Heureusement, il existe des moyens très « conviviaux » de compenser cette perte de revenus d’intérêts pour l’économie. Il s’agit notamment de réductions d’impôts ou d’augmentations des dépenses publiques. Le choix est d’ordre politique, car il est facile d’évaluer la taille de l’économie, seule ou ou bien d’une manière combinée, pour s’assurer qu’elle dispose d’un revenu suffisant pour soutenir des niveaux élevés de production et de plein emploi. En fait, le problème aujourd’hui, c’est que, compte tenu de la taille de notre gouvernement et de la politique de taux d’intérêt faibles, l’économie est lourdement surtaxée et privée de revenus.
Le remède est très simple. Nous pouvons, encore une fois, soit réduire les impôts (j’ai proposé une exonération totale des charges sociales, ce qui augmenterait de plus de 600 $ par mois le salaire net moyen des familles de travailleurs), soit augmenter les dépenses publiques (j’ai proposé d’établir un paiement minimum de sécurité sociale de 2.000 $ par mois). D’autres options pour augmenter les dépenses publiques pourraient inclure la remise en état de nos infrastructures publiques pour les transports, la sécurité publique, les soins de santé ou l’éducation. Compte tenu de la faiblesse actuelle de l’économie, j’estime que les ajustements nécessaires s’élèvent à environ 1 billion de dollars par an.
De plus, lors d’une expansion, le secteur privé préfère embaucher des personnes qui travaillent déjà plutôt que des chômeurs, alors j’ai aussi proposé un » emploi de transition » financé par le gouvernement fédéral qui paie 10 $ l’heure à quiconque veut et peut travailler. Cela facilite la transition cruciale du chômage à l’emploi dans le secteur privé, car il est bien établi que les entreprises préfèrent de loin embaucher des gens qui travaillent déjà.
Donc, oui, la baisse des taux nuit aux épargnants, ce qui affaiblit l’économie. Vous auriez donc raison de penser que les hausses de taux de la Fed aideraient l’économie. Mais pourquoi ne pas plutôt rendre les taux faibles permanents, ainsi qu’éliminer les charges sociales et augmenter les paiements de la sécurité sociale pour compenser la perte de revenus d’intérêts, tout en maintenant des taux bas pour l’investissement, les prêts hypothécaires à l’habitation, les prêts automobiles et des coûts inférieurs pour que les entreprises maintiennent les prix bas.
Et qu’en est-il du déficit budgétaire ? Eh bien, avec une politique permanente de taux d’intérêt à zéro, il n’y a aucun intérêt à payer. Vous pouvez oublier tous ces problèmes. L’astuce consiste donc à réduire les impôts ou à augmenter les dépenses juste assez pour que l’économie continue de tourner au plein emploi, ce qui est l’objectif réel.
Illustration : bankrate.com