La recette de Warren Mosler pour l’euro: «Le taux à 0 pour toujours, dehors le spread et plus de déficit»

par

Vito Lops, Sole 24 ore

27 juin 2019


Traduction par

ROBERT CAUNEAU – MMT FRANCE

Le spread ? « Ça ne devrait pas exister. Il augmente parce que la BCE menace de supprimer la garantie sur la dette publique pour tous les pays membres qui ne respectent pas les règles de la politique budgétaire ». Le déficit : «  Ce n’est pas un problème de le creuser si une économie est loin de son potentiel et si entre-temps le taux sur la dette est fixé et garanti par la banque centrale « . Les impôts ? « Il n’est pas nécessaire d’augmenter les impôts s’il n’y a pas de risque d’inflation immédiat« . L’euro ? « Une monnaie unique est peut-être une bonne idée, mais pour que tout le monde accepte l’euro, il a fallu introduire toute une série de contraintes. Et nous en sommes arrivés au paradoxe que, pour maintenir l’euro en vie, ces contraintes ont conduit à une dépression économique en Europe« .

Au cours de la discussion accordée à Sole 24 Ore, Warren Mosler démontre qu’il a une vision claire de la manière de changer les règles et de ramener l’économie sur la voie de la prospérité. Né il y a 70 ans dans le Connecticut, il est connu dans le monde de la finance. Jusqu’au milieu des années 1990, il a géré trois fonds d’investissement (le premier a été fondé en 1982). Aujourd’hui, il vit comme retraité dans les îles Vierges américaines. En Italie, il a été professeur invité aux universités de Bergame (en 2014 et 2015) et de Trente (2015). Il a reçu un doctorat honorifique de l’Université Franklin de Lugano. Aujourd’hui, il soutient des organisations à but non lucratif et le projet de formation économico-financière de l’Académie Fef.

La MMT « conquiert » les démocrates américains

Récemment, sa notoriété s’est accrue avec la diffusion de sa vision de l’économie résumée dans la « Théorie Monétaire Moderne », une théorie en dehors des schémas classiques mais qui fait maintenant partie du débat général aux États-Unis, surtout après l’aval du sénateur démocratique Bernie Sanders qui pourrait l’inclure dans le programme électoral des élections présidentielles de 2020 pour étendre le plan santé « Medicare » à tous.

La critique de la MMT de la théorie orthodoxe

Si la MMT gagne du soutien, c’est aussi parce que des faits plus ou moins récents laissent planer le doute sur le fonctionnement des théories orthodoxes actuellement en vogue. Rester en Europe, par exemple, bien que la BCE ait porté les taux à 0 et acheté des obligations pour plus de 3 billions, est loin de l’objectif de ramener l’inflation à moyen terme autour de 2% (les futures dans les 10 prochaines années sont de 1,2%). « La politique monétaire avec des taux inférieurs à zéro a échoué, le modèle de croissance tiré par les exportations met l’Allemagne à genoux en premier lieu – explique Mosler – et la BCE devrait donc fixer le taux d’intérêt à 0 de manière permanente, en se concentrant uniquement sur les mesures de politique budgétaire ». En bref, avec ses modèles, la politique monétaire ne serait plus en mesure de faire revivre la zone euro. Une histoire déjà vu au Japon. « Le Japon montre que la taille de la dette publique n’affecte pas les rendements des obligations d’État car elles dépendent du taux d’intérêt fixé par la banque centrale. »

La MMT, ce que pensent les investisseurs et les hommes d’affaires

La MMT divise les personnages influents. Bill Gates appelle ça des « ordures ». Le gouverneur de la Fed, Jérôme Powell, et le gourou de l’investissement Warren Buffett craignent une hyperinflation. Dans le même temps, la MMT fait une percée dans le domaine de la haute finance. Pour Jan Hatzius, économiste en chef de Goldman Sachs, elle « a quelques aspects corrects et importants« . Selon le roi du hedge fund Ray Dalio, ce n’est qu’une question de temps, mais il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre de la MMT qui prendra le relais du QE. « Les baisses du QE et de taux d’intérêt aident les couches les plus aisées de la société parce qu’elles font augmenter le prix des actifs financiers – explique Dalio – mais de cette façon, la liquidité ne conduit pas à de bons investissements, comme l’éducation, les infrastructures et la recherche et le développement« .

La recette MMT pour la « renaissance » de la zone euro

Juste les points clés de la MMT. Mais la recette peut-elle aussi fonctionner dans la zone euro ? De quelle façon ? « La BCE devrait acheter des obligations émises par la Banque européenne d’investissement pour un montant d’environ 5 % du PIB, non comptabilisé dans les dettes publiques, et allouer des fonds aux pays membres pour financer les investissements. En outre, étant donné que ces fonds seraient distribués aux États membres proportionnellement à leur PIB, un « aléa moral » serait évité, ce qui fait le plus peur aux États d’Europe du Nord « ††.


Article original: https://www.ilsole24ore.com/art/la-ricetta-l-europa-tassi-0-sempre-niente-spread-e-piu-deficit-ACP1NXU?refresh_ce=1

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