Fiche n° 4 : Chômage

Théorie

La taxation des devises, imposée de force par l’État en vertu de son pouvoir militaire, a généré le besoin d’obtenir des devises nationales dans le secteur privé. Ce besoin, que nous avons identifié comme la « demande de monnaie », conduit le secteur privé à offrir du travail, des biens et des services à l’État, monopoliste de la monnaie, en échange de celle-ci.

C’est à ce stade que l’État a le choix d’acheter ou non la totalité de la main-d’œuvre offerte par le secteur privé. Évidemment, si le choix n’était pas d’acheter toute l’offre de main-d’œuvre, il resterait dans le secteur privé des agents qui, même s’ils sont prêts à travailler en échange de devises, ne sont ni employés ni, encore moins, rémunérés. C’est exactement ce qu’est la définition du chômage.

Afin de ne rien laisser au hasard, définissons mieux le terme :

Les chômeurs sont ceux qui offrent leur main-d’œuvre en échange de devise nationale mais ne trouvent personne disponible pour l’acheter.

Au contraire, ne sont pas considérés comme chômeurs ceux qui :

  • n’offrent pas leur travail (ils ne « cherchent pas de travail »),
  • offrent du travail bénévole (non rémunéré),
  • offrent un travail rémunéré pour un objet autre que la monnaie.

Le chômage n’est donc possible que dans un système monétaire : si la monnaie n’existait pas, personne ne proposerait son travail pour l’obtenir. En l’absence d’une offre, personne n’aurait la possibilité de la rejeter…. Au contraire, le chômage est libellé dans une monnaie spécifique, puisque la personne qui offre son travail l’offre en échange de cette monnaie particulière. On pourrait dire que vous êtes au chômage « en euros », « en livres », « en francs », etc.

Mais rappelons les considérations faites dans la section précédente : chaque fois que le monopoliste dépense, il crée de la monnaie dans le secteur privé ; chaque fois qu’il perçoit des impôts, il détruit la monnaie. Ce que le secteur privé  » économise « , c’est-à-dire le montant de monnaie qui reste dans le secteur privé après un cycle de dépenses et d’impôts, est équivalent à ce que l’État a dépensé mais pas encore encaissé : le déficit public.

Par conséquent, si le désir d’épargne nette du secteur privé est supérieur à zéro (comme c’est le cas depuis l’existence des devises nationales), seul un déficit public équivalent pourrait le satisfaire. Mais si le secteur privé veut accumuler de nouvelles devises, il est aussi prêt à vendre du travail, des biens et des services au monopoliste de la monnaie dans une plus grande mesure qu’il ne le ferait pour payer des impôts. La totalité de la demande de devise nationale sera donc donnée par le montant de la fiscalité ajouté à l’épargne souhaitée, et l’offre de travail à laquelle le monopoliste de la monnaie devra faire face sera identique.

Il est donc clair que la condition du plein emploi, c’est-à-dire de l’achat de toute l’offre de travail, est que le monopoliste choisisse de dépenser suffisamment pour couvrir le montant de la demande totale de devise nationale. Cela revient à dire que le plein emploi ne peut être atteint que si le monopoliste monétaire accepte de dépenser un montant équivalent à la volonté nette d’épargne du secteur privé sur le déficit.

Si le déficit réel devait être inférieur à la volonté d’épargne nette, il en résulterait inévitablement la présence de certaines personnes qui voudraient vendre leur main-d’œuvre au monopoliste, tout en restant au chômage.

En d’autres termes :

Le chômage est la preuve que le déficit est trop faible

[W.B. Mosler]

Exemple

La taxation de 1.000 livres par jour, imposée au peuple ghanéen par le gouvernement britannique, oblige les Ghanéens à travailler pour empêcher que leur cabane ne soit brûlée. Le salaire offert par le gouvernement s’élève à une livre par heure, de sorte que le peuple ghanéen doit offrir au moins 1.000 heures de travail au monopoliste de la monnaie, le gouvernement britannique.

Dans la section précédente, nous avons déjà supposé que les gens veulent mettre de côté 500 livres afin de payer éventuellement des impôts futurs, exprimant ainsi un « désir d’épargner net » de 500 livres.

Au total, donc, le peuple ghanéen offre au gouvernement britannique 1.500 heures de travail : 1.000 pour payer les impôts, 500 pour épargner.

Imaginons, contrairement à ce que nous avons fait auparavant, que le gouvernement britannique décide de dépenser, le jour en question, un maximum de 1.300 livres[1]. Cela équivaut à acheter seulement 1.300 des 1.500 heures de travail offertes, laissant ceux qui offrent les 200 heures restantes sans emploi et sans rémunération. Ils sont en fait au chômage, car ils offrent du travail en échange de devise nationale mais ne trouvent personne pour l’acheter.

Au niveau financier, le gouvernement britannique enregistre une dépense de 1.300 livres sterling, puis en perçoit 1.000 avec imposition. Le déficit, la différence entre les dépenses et les impôts, s’élève donc à 300 livres.

Nous constatons que le désir d’épargne des Ghanéens, qui s’élevait à 500 livres, était supérieur de 200 livres au déficit réel du gouvernement britannique, juste les 200 livres manquantes, associées aux 200 heures de travail offertes mais non achetées.

Si, d’autre part, le gouvernement avait dépensé 1.500 livres, cela aurait été suffisant pour acheter toute l’offre d’emploi, ce qui aurait conduit au plein emploi.

Nous observons donc que la condition du plein emploi est une condition qui peut toujours être atteinte par un état monopolistique de la devise nationale qu’il perçoit en paiement des impôts.


Note de l’auteur

1. Par exemple, ne pas laisser trop de devise nationale entre les mains de la population à la fin de la journée, car cela pourrait se traduire par une offre d’emploi moindre le lendemain.


Texte original par Daniele Busi – Rete MMT Italia, traduit et adapté par Robert Cauneau – MMT France

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