A l’initiative de Pavlina Tcherneva, l’une des économistes MMT les plus importantes, MMT-France a été invitée à participer au Global Forum on Democratizing Work, un événement en ligne qui se tiendra du 5 au 7 octobre, dont le cadre général est une intersection entre #MMT, #EconomicRights et #DemocratizingWork. Dans ce cadre, MMT France tiendra un panel online le mercredi 6 octobre à 13h. Ce panel sera enregistré et mis en ligne dans la vidéothèque de l’événement avec tous les autres panels.
Objectif
L’objectif de ce panel est de promouvoir la prise de conscience du lien entre la dépendance financière, la dépendance économique, l’emploi et les conditions économiques des travailleurs.
Contenu
Tout d’abord, il nous semble important de préciser que la politique budgétaire d’un pays définit le niveau selon lequel sa capacité productive est activée. Et de ce niveau, certes après prise en compte de la distribution, dépend le standard de vie de la population, ses conditions matérielles potentielles y compris en termes de biens primaires, la dépendance économique représentant une dimension de cette capacité productive et la dépendance financière une des contraintes pour son activation.
Il existe un lien étroit entre, d’une part, dépendance économique (dont la dépendance alimentaire est une importante composante, conséquence directe de la colonisation, qui relie la dimension réelle à la dimension monétaire) et niveau de développement et, d’autre part, niveau des conditions matérielles du travail. Plus un pays est dépendant économiquement, moins ses entreprises ont de marge (se trouvant dans des secteurs très facilement reproductibles par de potentiels nouveaux producteurs, donc au sein desquels la compétition est très forte, et qui en même temps se trouvent en rapport de subordination avec d’autres phases de la chaîne de production plus complexes, disposant de marges plus importantes, et se situant à l’étranger) et moins ses travailleurs disposent d’espace de revendications. Ainsi, pour que la classe ouvrière soit la moins exploitée possible, et dispose de bonnes conditions matérielles, le pays doit être le moins dépendant et le moins périphérique possible. Si l’on prend par exemple le cas de pays africains, le fait qu’ils soient poussés à travailler dans le secteur primaire, qui lui-même est très dépendant du secteur industriel agro-alimentaire des pays développés, rend asymétriques les rapports entre les pays du nord et du sud. Cette dépendance restreint considérablement l’espace pour les revendications syndicales et le standard des conditions des travailleurs s’en trouve sérieusement affecté.
Ainsi, si certes la dépendance économique n’implique pas nécessairement une dépendance financière, et si donc ces deux types d’indépendance doivent être analysées d’une manière autonome, il est certain que l’indépendance financière, telle que MMT la décrit, et la prescrit – i.e. la capacité d’un pays à créer et à disposer de sa propre devise, sous un régime de taux de change flottant – représente la voie optimale en direction d’une plus grande autonomie économique. Le cas des pays de la zone CFA montre clairement à quel point ils demeurent dépendants de la France, dont ils ne sont que des subordonnés économiques.
Participants
Robert Cauneau
Mabrouka Mbarek
Ivan Invernizzi
Ramzi Kebaïli