MMT – Principaux Éléments

par

Robert Cauneau – MMT France

Ivan Invernizzi – Rete MMT Italia / MMT France

21 septembre 2020

Les auteurs remercient Andrea Valentini – MMT France pour ses commentaires très utiles à la rédaction de cet article.


La théorie monétaire moderne (MMT, en anglais Modern monetary theory ou Modern money theory) est une théorie monétaire néochartaliste. Elle présente un aspect descriptif, ainsi qu’un aspect normatif, fournissant des instruments de politiques économiques, notamment pour le plein emploi et la maximisation de la stabilité des prix [1].

Elle part de l’idée selon laquelle l’État dispose du monopole de la force qui lui permet de taxer et de choisir le moyen de paiement de ses taxes. Celui-ci dispose donc de la possibilité d’imposer sur son territoire une devise dont il détient le monopole [2].

En conséquence, la MMT analyse soit le cas où l’État choisit de ne pas limiter son pouvoir d’action sur son monopole monétaire, soit le cas contraire, notamment lorsqu’il impose un taux de change fixe à sa devise (soit en lien avec des marchandises comme les métaux précieux, soit en lien avec des devises étrangères), ou bien il renonce à maintenir son propre monopole sur sa devise en adoptant une devise étrangère. La MMT a vu le jour en grande partie grâce à une description des opérations monétaires considérées comme des opérations comptables concernant l’État, les banques, les entreprises et les particuliers [3].

Présentation générale

La MMT explique l’espace d’action des gouvernements disposant aussi bien d‘une devise en taux de change fixe [4] qu’en taux de change flottant [5], mais elle reconnaît qu’en taux de change flottant, comme c’est le cas de la plupart des pays, les gouvernements disposent du maximum d’espace pour l’élaboration des politiques économiques. À l’intérieur de ce cadre, la MMT reconnaît pour ces gouvernements la possibilité de maintenir le plein emploi en maximisant la stabilité des prix.

Warren Mosler [6] est à l’origine de cette théorie qui a été popularisée à partir de 1992, puis dénommée MMT. Et, bien que des recherches subséquentes aient révélé des écrits d’auteurs qui ont eu des réflexions compatibles sur la compréhension et la vision de la MMT, notamment Adam Smith, Georg Friedrich Knapp, John Maynard Keynes, Abba Lerner, Alfred Mitchell-Innes, et Hyman Minsky, la MMT est unique dans son analyse des économies monétaires, et doit donc être considérée comme étant une école de pensée autonome. La raison en est que personne d’autre n’a reconnu et analysé la devise comme un monopole [7].

La MMT part de l’idée selon laquelle l’État dispose du monopole de la force, qui lui procure l’importante prérogative de taxer dans sa devise et, sur cette base, également de créer sa devise dont il détient le monopole. La taxation dans cette devise rend donc nécessaire pour les agents du secteur privé de se la procurer en se faisant vendeurs de biens et de services.

Dans cette logique, un État qui dispose du monopole de création de sa devise en régime de taux de change flottant, ne peut faire faillite, à moins de le vouloir. Ainsi, la MMT exclut la possibilité que les États qui créent leur propre devise puissent faire faillite (Défaut souverain). En effet, cet État n’est jamais financièrement contraint dans sa devise. Sa capacité de dépenser est donc illimitée en termes nominal, mais limitée par la disponibilité des ressources réelles (ressources technologiques, ressources naturelles et force de travail).

La compréhension qui en découle est celle du marché comme un système généralisé d’échange de devises qui, seulement d’une manière incidente, apparaît comme un système généralisé d’échange de biens et de services. Il en découle que la devise répond à des mécanismes propres au monopole [8], et qu’il convient de l’analyser comme telle. Il en découle également que le marché est analysé comme une conséquence incidente d’un certain cadre institutionnel.

Au-delà de ses aspects théoriques, la MMT se présente comme une vaste combinaison de principes, comptables en général et financiers en particulier, qui décrivent une économie dont la devise à taux variable est administrée par un gouvernement créateur de sa propre devise, ainsi que toutes les implications en termes de politique économique. Elle se préoccupe surtout d’expliquer les réalités opérationnelles de la devise fiat [9] [10], la façon dont les politiques budgétaires et les relations financières d’un gouvernement qui crée sa propre devise gèrent le niveau d’activation de la capacité productive [11]. Elle clarifie les options et les résultats auxquels sont confrontés les décideurs lorsqu’ils dirigent un monopole sur une devise fiscale. Elle suggère des solutions pour maintenir le plein emploi et la stabilité des prix.

Contenu

La nature de la devise

La MMT analyse l’infrastructure institutionnelle [12] soutenant l’existence de la devise comme l’instrument de l’autorité politique dédié avant tout à son approvisionnement en ressources réelles. Elle considère la devise comme un bon, un avoir, un coupon permettant de payer les taxes. L’État crée la devise en dépensant, et détruit une part de la même devise en la taxant : la fiscalité sert alors à créer une demande de devises qui s’exprime comme une offre de biens et de services en devises. La fiscalité est la condition nécessaire pour l’existence du système monétaire.

La devise comme moyen de paiement n’est qu’une simple écriture comptable. Elle représente le crédit d’un agent privé envers l’État qui est destiné à payer la taxe. Cela signifie que, pour que la devise soit reprise par l’État, le secteur privé doit l’avoir déjà obtenue de l’État. Elle n’est pas créée par ces agents, mais par l’État. Cela est important pour comprendre que l’ensemble de la devise nationale a été créé en amont par l’État, et donc que les taxes n’ont pas pour objet de financer les dépenses de l’État. Et, dans la mesure où la devise est un crédit d’un agent du secteur privé envers l’État, lorsque ce crédit est reversé à l’État par le règlement de la taxation, le crédit envers l’État s’annule [13], ce qui entraîne la destruction de la devise.

La Fonction de la devise

L’apport de la dimension historique permet de falsifier certaines idées, comme celle selon laquelle le troc aurait précédé l’apparition de la devise, ou bien que le marché et les échanges qui répondent à une dynamique de marché [14] seraient antérieurs à la devise. Si des accords de troc ont bien évidemment existé, ils n’ont jamais été un mécanisme de distribution sociale de la production dans aucune société. Et surtout, le troc n’a jamais existé comme un système généralisé de coordination de la production et de la distribution. Il n’y a jamais eu de marché basé sur le troc.

L’analyse historique de l’origine de la devise illustre le fait que la devise est antérieure au marché. Non seulement il ne s’agit pas d’une « créature du marché », mais on peut faire valoir avec force que le marché est une conséquence d’une certaine façon d’imposer la devise, qui est elle-même plutôt une « créature de l’État ». La devise est ainsi définie comme une relation de pouvoir d’un type spécifique, à savoir une relation de crédit-dette sociale, qui est codifiée par une autorité.

La devise est un mécanisme d’approvisionnement de l’autorité politique. La fiscalité est le moteur du transfert des ressources réelles (biens et services) des sujets vers l’autorité. La devise est son véhicule. La devise est donc une créature de l’État, et, loin d’être un simple moyen d’échange anodin, elle est un mécanisme de contrôle et de distribution de la production économique réalisée sur le territoire de l’État [15] [16] .

Il s’agit donc, en particulier, d’un processus dans lequel une autorité politique impose une taxation sur un territoire donné. Cette taxation crée pour la population locale le besoin d’obtenir cette devise. Cette nécessité les porte à se faire fournisseurs de biens et de services, ainsi que de leur force de travail, en échange de la devise. Le fait d’imposer une obligation de payer une taxe dans une devise spécifique crée une offre de biens et de services dans cette devise. Et il n’existe pas d’offre de biens et de services vendus pour la devise a priori de ce processus. La taxation existe non parce que l’autorité politique a besoin de la devise, mais parce qu’elle a besoin que les acteurs économiques en aient besoin.

Implications [3]

La MMT reconnaît qu’un gouvernement monopoliste de sa devise dépense nécessairement d’abord, ce qui permet aux agents du secteur privé d’obtenir la devise avec laquelle il pourra payer les impôts ou convertir cette devise dans une forme spécifique appelée titres d’État. Cela contraste directement avec l’approche économique dominante selon laquelle le gouvernement doit taxer pour obtenir la devise nationale à dépenser. Le gouvernement n’a pas besoin d’obtenir de la devise nationale pour dépenser. Au lieu de cela, la force qui maintient en route le système est que les contribuables ont besoin de la devise du gouvernement pour pouvoir payer les impôts.

L’éviction des dépenses privées ou des emprunts privés, l’augmentation des taux d’intérêt, les exigences de financement pour le gouvernement et les questions de solvabilité ne s’appliquent pas à un gouvernement qui dépense d’abord, puis emprunte [17] .

Le gouvernement, concrètement, dépense comme suit :

Une fois les dépenses autorisées par le Parlement, le Trésor donne la directive à la Banque Centrale de créditer le compte du bénéficiaire (changer les chiffres en des chiffes plus élevés) dans les livres de la Banque Centrale.

Pour la MMT, l’explication de la devise commence avec un État qui désire s’approvisionner lui-même en richesses réelles :

[1] L’État impose des obligations fiscales sous forme d’obligations financières dans une devise nationale spécifique, qui créent elle-mêmes une offre de travail.

[2] En conséquence, des biens et des services sont proposés à la vente pour obtenir les fonds nécessaires pour payer les impôts.

La MMT reconnaît que la fiscalité, de par sa conception, crée le niveau de la demande de devise, qui égale l’offre de main-d’œuvre, ainsi que de biens et de services, à vendre dans une devise nationale donnée.

[3] L’État peut alors acheter ces biens et ces services.

[4] Les taxes peuvent alors être payées.

[5] Si les agents du secteur privé, en moyenne, veulent, au terme d’échange marginal de la devise nationale, gagner plus qu’il n’en faut pour payer les impôts, les biens et les services seront mis en vente en quantité suffisante pour obtenir cette quantité de devise nationale supplémentaire.

[6] Les dépenses de l’État qui excèdent les impôts – les dépenses en déficit – constituent l’épargne sur une année du secteur privé.

[7] La dette publique équivaut à la devise nationale créée par la dépense de l’État qui n’a pas encore été détruite par les impôts, cumulée sur l’ensemble des exercices antérieurs, qui représente donc la richesse financière du secteur privé[18] .

L’incidence des opérations de l’État sur la composition de l’épargne privée.

[8] Une fois que l’État a dépensé cette quantité de devise nationale qui reste dans le secteur privé, elle peut prendre la forme de titres du Trésor, de billets et d’obligations qui peuvent alors être achetés, ce qui épuise les comptes contenant la devise nationale que l’État a déjà dépensée[19] .

[9] Les paiements du gouvernement sont ajoutés aux comptes de réserve des banques membres de la Banque Centrale.

[10] Lors de l’achat de titres, la Banque Centrale débite les comptes de réserve et crédite les comptes de titres.

[11] Lorsque les intérêts sur la dette publique sont payés, la Banque Centrale crédite les comptes de titres.

[12] Lorsque les titres du Trésor arrivent à échéance, la Banque Centrale diminue les comptes de titres et augmente les comptes de réserve appropriés avec une simple opération comptable.

La MMT dans le débat actuel

Inflation

La MMT développe sur l’inflation une ligne de raisonnement spécifique et originale.

Le prix de l’objet du monopole est directement influencé par les choix en termes d’offre que fait le monopoliste. Avant tout, celui-ci peut décider, par exemple de fixer la quantité du bien offert et de laisser le prix s’ajuster ou, au contraire, de fixer le prix et de laisser la quantité s’ajuster à la demande du bien. Dans tous les cas, le prix du bien objet du monopole est ce qu’il faut faire ou fournir pour l’obtenir du monopoliste. On pourrait penser au monopoliste de l’eau qui a le choix, soit de fournir une quantité donnée d’eau et de laisser le prix de l’eau au litre monter en fonction de la restriction quantitative qu’il a imposée, soit de fixer le prix de l’eau et de laisser la quantité offerte sans restriction à ce prix spécifique, donc de le laisser s’ajuster à la demande de litres d’eau. Une différence importante subsiste toutefois entre le monopoliste de la devise et tout autre monopoliste, y compris le monopoliste de l’eau évoqué plus haut. Il s’agit du fait que le monopoliste de la devise n’a pas seulement le contrôle de l’offre, en décidant du niveau de la dépense publique, mais également celui de la demande, en choisissant le niveau des taxes. Le pouvoir que le monopoliste de la devise a sur la demande, à travers les taxes, est équivalent à celui qu’aurait le monopoliste de l’eau s’il disposait du contrôle de la soif, ce qui n’est pas le cas.

Ce même mécanisme s’applique au monopoliste de la devise, qui fait que l’État peut chercher à mettre des restrictions quantitatives à la devise offerte (ce que l’Eurozone cherche à faire en mettant une restriction au déficit public) ou bien fixer le prix de la devise en termes d’autre chose et laisser s’ajuster la quantité offerte – donc la dépense publique – à la demande de devises à ce prix, en d’autres termes s’assurer que toutes les personnes qui sont disponibles pour travailler, dans le but d’obtenir de la devise, puissent le faire. La section sur la Garantie d’Emploi ci-dessous développera ce point.

En résumé, du fait que la devise est un monopole, il en découle que le prix de la devise est ce qu’il faut faire ou fournir à l’État pour obtenir la devise, en particulier la prochaine unité de devise. En termes plus proches du langage courant, le prix de la devise est donc une fonction des prix payés par l’État. Par exemple, si l’État est prêt à payer, à un moment t, x quantité de devises pour obtenir y quantité de travail ou de marchandises incorporant le travail, et, au moment t+1, l’État dépense 10 x pour obtenir y de travail, le prix de la devise entre t et t+1 est divisé par 10.

Le concept de « prix de la devise » en termes d’autre chose et non d’elle-même, est rarement utilisé par les autres approches monétaires, qui utilisent plutôt l’expression « valeur de la devise », qu’elles considèrent comme la réciproque du niveau général des prix. Par contre, pour la MMT, le « prix de la devise » est une conceptualisation a priori du niveau généralisé des prix. Dans cette logique, le niveau des prix est une expression du prix de la devise. Mais il n’est pas sa seule déterminante. La MMT apparaît donc comme la seule approche monétaire qui distingue rigoureusement une augmentation du niveau général des prix comme conséquence, d’une part, du changement de valeur relative des biens (par exemple augmentation rapide de la valeur relative du pétrole) et, d’autre part, du changement du prix de la devise.

Dans un article récent, Warren Mosler présente une solution de politiques économiques pour que la Banque Centrale Européenne puisse maximiser la stabilité des prix en ciblant le plein emploi [20] .

Garantie d’Emploi [21]

Lorsque l’on conçoit que l’État dispose du monopole de la devise, tout ce qui est vendu pour obtenir de la devise n’est autre que l’expression de la demande de devise, y compris l’offre de travail par les travailleurs. Donc le chômage n’est qu’une demande nette de devise nationale insatisfaite. Et le plein emploi est réalisé lorsque la demande de devise est complètement satisfaite. Il en résulte que la demande de devise ne peut être satisfaite que par l’État monopoliste de la devise et que l’État dispose du pouvoir direct de maintenir le plein emploi dans sa devise [22].

Dans ce cadre, pour garantir un plein emploi en permanence, le monopoliste de la devise, doit s’assurer que toutes les personnes qui sont disponibles à offrir leur travail pour obtenir de la devise, au terme d’échange fixé, puissent le faire. Dans cet objectif, l’État doit laisser la quantité de devises offertes s’ajuster à la demande de devises. Et, au-delà de ses interventions discrétionnaires les plus communes sur le niveau de la dépense publique pour s’ajuster à la demande de devises, l’État peut utiliser des stabilisateurs automatiques, dont le plus pertinent en ces termes est la Garantie d’Emploi.

La Garantie d’Emploi est un accès universel à un travail rémunéré avec un taux horaire fixe qui prévoit des activités nécessitant des compétences non spécifiques. Avec elle, l’État fixe un prix en termes de temps de travail [23] pour la devise et laisse la quantité de devise offerte, donc dépensée, s’ajuster à la demande de devise exprimée par les travailleurs. Ce mécanisme élastique qui maintient le prix de la devise fixe est un stock tampon [24]. La Garantie d’Emploi facilite pour les personnes concernées le passage de la situation de chômeurs de long terme à celle d’employés dans le secteur privé. En effet l’absence de rupture dans leur vie professionnelle les rend plus facilement employables par le secteur privé.

Dans le même temps, la Garantie d’Emploi est un moyen d’introduire une rémunération et des avantages sociaux minimaux « de bas en haut », car les employeurs du secteur privé se disputent les travailleurs de la Garantie d’Emploi. En d’autres termes, en opposant à l’alternative du chômage celle d’un emploi garanti, la Garantie d’Emploi, tout en représentant de facto un salaire minimum, renforce d’une manière importante le pouvoir contractuel des travailleurs.

Importations / Exportations

Warren Mosler défend l’idée selon laquelle le seul objectif du système économique est la satisfaction des besoins matériels de la population résidente, qui passe avant tout par la consommation. Les investissements eux-mêmes n’ont pas de sens a priori de leur utilité finale pour une consommation individuelle ou collective.

Les exportations sont de la production que le système économique a créée mais qu’il a renoncé à consommer, au bénéfice d’autres pays. Au contraire, les importations sont de la production créée par d’autres pays qu’ils ont renoncé à utiliser et dont ils ne bénéficient pas [25] .

Dans cette logique, la maximisation de la satisfaction des besoins matériels de la population résidente se fait en maximisant l’équation production – exportations + importations. Le commerce international doit être mené dans le sens de la maximisation des termes réels d’échange. Une balance commerciale négative n’est donc pas problématique. Au contraire, se fixer pour objectif une balance commerciale positive va à l’encontre de l’intérêt public, comme le font la Chine, le Japon, la Corée du Sud ou l’Allemagne.

Il est important d’ajouter que, sans manipulation par les banques centrales sur les taux de change (achat ou vente de devises étrangères), le solde de la balance commerciale reflète simplement le niveau du désir d’épargne nette de l’étranger en devises locales [26] . Cette variable peut changer avec le temps, mais elle n’est pas en soi un élément problématique. Plus spécifiquement, le désir étranger d’épargne nette en devise locale est la différence entre la demande de l’étranger en devise locale et la demande de devise étrangère des résidents. C’est cette différence qui détermine le solde de la balance commerciale. Si, par exemple, il y a davantage d’étrangers qui veulent épargner de la devise locale que de résidents qui veulent épargner de la devise étrangère, cela signifie que l’étranger veut vendre davantage de biens qu’il ne veut acheter. La demande de devises est en fait une offre de biens réels. Ainsi, une demande étrangère nette de devise locale induit une balance commerciale négative, et, a contrario, une demande locale nette de devise étrangère induit une balance commerciale positive. Cette précision est importante car, pour la MMT, une demande de devise signifie la disponibilité de vendre du travail ou des biens ou des services en échange de la devise. Pour les autres approches économiques, cette demande de devises est un discours sur le crédit, c’est-à-dire le niveau du taux d’intérêt auquel les agents sont disposés à renoncer pour maintenir la liquidité. Celles-ci raisonnent en fait à travers la logique d’un régime de taux de change fixe.

La MMT soutient que, sous le régime de taux de change flottant, le fait qu’une balance commerciale soit en déficit ou en excédent ne conduit pas à la nécessité d’une compensation de rapports de dette ou de créance entre pays, et donc élimine l’obligation d’endettement en devises étrangères. Par contre, cette obligation existe sous le régime de taux de change fixe, dans la logique duquel, pour maintenir la fixité de ce taux, un pays est obligé de s’endetter en devise étrangère. En effet, un taux de change fixe aura tendance à mener à une balance commerciale négative, soit sous la pression de la spéculation, soit comme réaction au fait que le rapport des prix entre les deux pays n’est plus cohérent avec le taux de change.

Il est important de préciser que, lorsqu’un pays est sous un régime de change flottant, l’absence d’obligation de s’endetter dans les autres devises conduit à des erreurs d’interprétation et à des confusions, comme celle qui consiste à considérer que, parce qu’ils ont une balance commerciale négative vis-à vis de la Chine, les USA ont une dette envers elle, situation qui certes pourrait se produire sous un régime de taux de change fixe.

Taux d’intérêt

La MMT comprend qu’un taux d’intérêt permanent de 0 % constitue le scénario de base [27] [28] [29] , celui où l’État ne met rien en place pour le soutien de ce taux [30] . En effet, lorsque l’on détient de la devise, rien ne fait que le prix de cette devise augmente d’elle-même, d’une manière spontanée. Pour cela, il faut qu’intervienne une possibilité d’allocation qui permette à la devise d’augmenter elle-même, nominalement, d’une manière automatique. Cette possibilité doit être créée, ce qui fait émerger alors un coût d’opportunité à ne pas laisser la devise dans la position où elle se trouve et à choisir une allocation alternative, par exemple le choix pour l’État entre l’émission de titres d’État ou le maintien de la richesse financière sous la forme de réserves [31] .

La MMT reconnaît que des taux d’intérêt élevés peuvent donner lieu à un biais expansionniste [32] , inflationniste (et régressif en termes de distribution) par l’entremise de deux types de canaux : les canaux de revenu d’intérêt [33] et les canaux de prix à terme [34] . Cela signifie que ce que l’on appelle le «resserrement de la banque centrale» en augmentant les taux peut augmenter les dépenses totales et favoriser les augmentations de prix, contrairement aux effets annoncés de la réduction de la demande et de la baisse de l’inflation. De même, la baisse des taux supprime les revenus nets d’intérêts de l’économie, ce qui contribue à réduire la demande et à faire baisser l’inflation, encore une fois contrairement aux effets escomptés annoncés.

La compréhension de la MMT des taux d’intérêt est parfois en conflit direct avec celle des banques centrales et de la grande majorité des universitaires. La MMT considère que ces points de vue « mainstream » s’appliquent au mieux aux régimes de changes fixes, mais qu’ils ne s’appliquent en aucun cas aux régimes de changes flottants d’aujourd’hui [35] .

La MMT reconnaît qu’un taux d’intérêt positif se traduit par un paiement d’intérêts qui peut être analysé comme une rente pour ceux qui ont déjà de la devise [36] .

La MMT suggère de maintenir le taux d’intérêt en permanence à zéro et de régler l’économie avec la seule politique budgétaire.

Comparaison entre la MMT et les autres approches économiques

SujetsAutres approchesMMT
1. Rapport Etat-EconomieLe système économique existe a priori de l’État. Il émerge d’une manière naturelle de l’action humaine. L’État n’intervient qu’a posteriori pour améliorer les situations qui ont été définies d’une manière naturelle par les dynamiques économiques. Il n’est en aucune façon à l’origine de ces dynamiques.L’Etat met en place les prémisses du système économique. Il en définit le cadre ainsi que les règles du jeu. A l’intérieur de ce cadre, les forces du marché émergent. Le fait qu’existent des dynamiques économiques à l’intérieur du secteur privé est la conséquence d’une action de l’Etat. Le système économique de marché est donc un effet de l’Etat et il n’existe pas de système économique monétaire d’une certaine dimension a priori de l’État.
2. Rapport Etat-Devise
2.1 La deviseLa devise existe a priori de l’État. Le raisonnement se fait en ne prenant en compte que l’actif des opérations financières, et non le passif, donc la position financière brute et non pas la position financière nette des agents, c’est-à-dire seulement leur « pouvoir d’achat ».L’État est la pré-condition de la devise qui est analysée comme son monopole. La devise est créée par la dépense publique et détruite par la taxation qui ne peut être payée que dans cette devise. Elle est un instrument pour l’approvisionnement unilatéral de l’État en richesse réelle (biens et services). Elle est donc un instrument puissant pour conditionner la production économique ainsi que sa distribution dans la société. En particulier, la MMT prend en considération la position financière nette (les Actifs Financiers Nets) des agents.
2.2 La taxationLa taxation est nécessaire pour financer les dépenses publiques. L’État doit taxer pour obtenir la devise nationale à dépenser.La taxation crée chez les agents du secteur privé le besoin d’obtenir la devise, ce qui les porte à se faire vendeurs de biens et services en devises. La taxation fait en sorte qu’il y ait toujours plus de demandeurs que d’offreurs de devise (ceux qui dépensent la devise), c’est-à-dire plus de vendeurs que d’acheteurs de biens et services à l’intérieur du secteur privé. Cela se traduit en une offre nette de biens et services en devises que seul l’État peut obtenir. La mesure dans laquelle l’État décide de ne pas obtenir partie de cette offre de biens et services vendus en devises définit le niveau du chômage. La demande nette de devise qui est la contrepartie de cette offre de biens et services ne peut être satisfaite que par la dépense publique. En effet, celle-ci constitue la seule offre nette de devise au secteur privé. C’est pourquoi la devise est un monopole étatique.
2.3 Les titres d’ÉtatL’émission de titres d’État permet de financer les dépenses publiques.L’émission de titres d’État sert à draîner les réserves bancaires. Elle peut être utilisée pour réguler le taux d’intérêt.
3. Rapport Etat-MarchéLe marché existe a priori de l’État et répond à des logiques qui lui sont pré-existantes.Le fait que l’État impose la taxation à une population plus large que celle qui la perçoit directement de lui impose à une partie de la population de se procurer la devise auprès d’autres personnes du secteur privé. Cette condition impose donc un système d’arbitrage/échange de devise entre personnes. Ce système d’arbitrage/échange de devise se traduit collatéralement en un système généralisé d’échange de biens et de service que l’on appelle marché. Donc le marché est un phénomène collatéral qui émerge par l’imposition du système monétaire.
4. Rapport Etat-CapitalismeLe capitalisme existe a priori de l’ÉtatLe capitalisme est un épiphénomène de l’État dans la mesure où il est le résultat de prémisses mises en place par l’État. En particulier ces prémisses sont la devise et le droit de propriété qui a des caractéristiques spécifiques : la possibilité d’acheter la force de travail mais l’impossibilité d’acheter les travailleurs, et la possibilité de la propriété privée des moyens de production.
4.1 EmploiLe chômage est un phénomène endogène, qui émerge des dynamiques intérieures au secteur privé et qui est donc a priori de l’État. Il existe un taux de chômage naturel et l’absence de chômage involontaire est impossible ou non soutenable.Le chômage est considéré comme la situation dans laquelle des personnes qui cherchent du travail rémunéré en devise ne le trouvent pas. Il est une construction sociale de l’État. En effet, la taxation effectuée par l’État amène le secteur privé à offrir du travail en échange de devise, donc à exprimer une demande de devise. Dans la mesure où cette demande n’est pas complètement satisfaite par le niveau de dépense publique, qui est la seule source de devise pour le secteur privé, il y aura du chômage. Celui-ci est donc la preuve que la dépense publique est trop basse par rapport à la taxation et qu’il y a une restriction dans l’accès à la devise. En synthèse, le chômage est la preuve que le déficit n’est pas assez élevé et qu’il y a discrimination dans l’accès à la devise, ce qui signifie que tout le monde n’a pas la possibilité d’obtenir la devise directement de l’État. Par exemple, si l’État impose au secteur privé une taxation de 100 amenant ce secteur à exprimer une demande nette de devise de 150, et si l’État ne dépense que 110, on aura un chômage de 40. Comme exemple purement pédagogique, il est possible d’évoquer le cas où l’État fixe le prix de la devise à 1 heure de travail pour une unité de devise, c’est-à dire qu’il faut travailler 1 heure pour obtenir une unité de devise, 40 de chômage correspond à 40 heures de travail qui ne parviennent pas à être vendues.
4.2 Niveau des prixL’Etat ne définit pas directement la valeur de la devise. L’État ne dispose que d’une capacité indirecte pour influencer la valeur de la devise et son changement dans le temps, qui passe toujours par une influence sur le système privé. La maximisation de la stabilité du niveau des prix est vue comme un objectif en contradiction avec le plein emploi.Seule la MMT reconnaît la source du niveau des prix. La devise nationale elle-même est un monopole public. Les monopoleurs ont nécessairement le pouvoir de définir le prix de l’objet de leur monopole, c’est-à-dire ce qu’il faut fournir pour obtenir la prochaine unité du monopoliste. Il en découle que le prix de la devise est ce qu’il faut faire ou fournir à l’État pour obtenir la devise, en particulier la prochaine unité de devise. En termes plus proches du langage courant, le prix de la devise est donc une fonction des prix payés par l’État. La MMT apparaît comme la seule approche monétaire qui distingue rigoureusement une augmentation du niveau général des prix comme conséquence, d’une part, du changement de valeur relative des biens (par exemple augmentation rapide de la valeur relative du pétrole) et, d’autre part, du changement du prix de la devise.
4.3 Appréciation du régime de taux de changeLa valeur de la devise, y compris dans son expression comme taux d’échange, est interprétée comme l’expression de réalités qui sont a priori de l’État, sur lesquelles l’État n’a pas de contrôle direct. Il s’agit en particulier des forces de marché autonomes souvent dominées par les expectatives. Cette réalité de fond peut seulement être influencée par l’État qui reste dans tous les cas disposant d’instruments limités. L’État peut donc toujours perdre complètement le contrôle de la situation. Ce cadre de fond de position précaire de l’État est considéré comme la base soit dans le cas du taux de change fixe soit dans le cas du taux de change flottant.MMT reconnaît que le régime de taux de change flottant est la situation dans laquelle l’Etat n’impose pas d’étalon à la devise, donc il ne s’auto-impose pas de maintenir un taux de change fixe entre sa propre devise et une marchandise ou une devise étrangère sur laquelle il n’a pas le contrôle. Le taux de change n’est pas une réalité dominée par des forces qui existent a priori de l’État, mais une expression de la valeur que l’État donne à la devise, donc de ce qu’il faut faire ou fournir à l’État pour l’obtenir. Le taux d’intérêt est avant tout une fonction des prix payés par l’État sur lesquels il peut certes y avoir des pressions de différentes natures, mais cela reste à la base la conséquence d’un choix de politique économique. Sous ce régime, les gouvernements disposent du maximum d’espace pour l’élaboration des politiques économiques.
4.4 Commerce InternationalLe pays est considéré équivalent à un acteur privé, dans la mesure où il considère la richesse financière comme la finalité première de l’activité économique. Les exportations sont considérées comme la source de richesse. Les importations sont analysées comme problématiques. Un déficit commercial est interprété comme un symptôme négatif pour la soutenabilité du système économique.Dans la mesure où l’État peut créer la devise sans limites, celle-ci n’est qu’un instrument (un moyen de coordination, d’organisation) que l’Etat a créé pour obtenir des biens réels. La finalité de la devise est d’obtenir des richesses réelles (biens et services). Cumuler de la devise pour elle-même n’a pas de sens. Les exportations sont donc considérées comme un coût réel : ce sont des marchandises que le pays a produit avec effort et dont le secteur étranger va bénéficier. Les importations sont considérées comme un avantage réel : ce sont des marchandises produites avec effort par l’étranger qui vont profiter domestiquement. Il convient de noter qu’un État qui impose au pays une devise en taux de change flottant n’éprouve jamais la nécessité de s’endetter en devises étrangères. Dans ce cadre, un déficit commercial est la simple expression d’un désir d’épargne net en devise domestique de la part des étrangers : il y a davantage d’étrangers qui désirent de la devise domestique que de résidents qui désirent de la devise étrangère, donc davantage de disponibilité de vente de biens produits par l’étranger aux résidents que de disponibilité de vente de biens produits domestiquement par les résidents aux étrangers, au taux de change courant. Mais cela n’exclut pas qu’un pays puisse décider qu’il existe des productions stratégiques devant être produites domestiquement et non importées, dans le but d’éviter un rapport de dépendance économique, ou bien de développer une industrie naissante. Une balance commerciale négative n’est donc pas problématique. Et se fixer pour objectif une balance commerciale positive va à l’encontre de l’intérêt public. Les considérations sur le caractère stratégique d’une production par rapport à une autre relèvent d’une validation qualitative et non quantitative. Au contraire, la balance commerciale est un instrument purement quantitatif et ne dit rien sur le caractère qualitatif d’une production.
4.5 Politiques économiquesLa politique monétaire est privilégiée.La politique budgétaire est privilégiée. Les variables fondamentales de l’économie, le niveau de l’activité économique et celui du chômage, sont liées au niveau de la dépense publique et de la taxation. En ce qui concerne l’économie internationale, un élément qui oriente l’élaboration des politiques économiques devrait être la recherche de la maximisation des termes réels d’échange, c’est-à-dire le rapport entre la valeur de ce qu’un pays obtient de l’étranger par rapport à celle de ce qu’un pays envoie vers l’étranger.

Bibliographie

Notes

[1] Warren Mosler, « Plein emploi et stabilité des prix » [archive], sur https://mmt-france.org/ [archive], février 1997

[2] Dans le langage francophone courant, le mot « devise » évoque le concept de “devise étrangère”. Par contre, dans le langage MMT, il se rapporte également, implicitement dans le sens de « devise nationale », à la monnaie spécifique d’un État, par opposition au concept générique de monnaie. Ainsi, MMT parle de « devise nationale » et non pas de « monnaie » de manière générique afin de préciser ce à quoi elle se réfère, à savoir la créature d’un État particulier, plus précisément un monopole de celui-ci, et non de conception des moyens de paiement fondée sur l’idée brute de « pouvoir d’achat » déconnectée de toute conception d’obligation non réciproque qui profite à un État spécifique se trouvant derrière toute transaction monétaire. Par exemple, la compréhension de la devise nationale qui est utilisée ici fait une nette différence entre la création de devise nationale (par l’État) et la création de crédit (par les banques).

[3] Warren Mosler, « Livre Blanc de la MMT » [archive], sur https://mmt-france.org/ [archive], 29 avril 2019

[4] Le régime de taux de change fixe est une situation dans laquelle la devise est ancrée à un étalon, soit une marchandise (en général un métal précieux), soit une devise étrangère. Le taux de change doit alors être manipulé, d’une manière continue, par une politique monétaire, afin de le maintenir fixe. Il en découle que la pression que l’État doit exercer en permanence le limite dans ses capacités de dépenser. Sous ce régime, lorsqu’il dépense, l’État doit compenser par des recettes sous forme d’impôts ou d’emprunts. Ce régime est donc un régime qui entraîne des restrictions financières.

[5] Le régime de taux de change flottant est la situation dans laquelle le taux de change évolue librement en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes. Sous ce régime, la devise de l’État n’a pas de prix intrinsèque. Les dépenses publiques sont indépendantes des recettes publiques. Elles ne sont contraintes que par la disponibilité des ressources. La vente et l’acquisition par l’État même de titres d’État sert à d’autres fins, notamment celle du maintien du taux d’intérêt cible de la banque centrale. Contrairement au régime de taux de change fixe, ce régime est un régime qui n’impose pas de restrictions financières.

[6] « Warren Mosler, Soft Currency Economics » [archive]

[7] Daniele Busi, « Le monopole de la devise nationale » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], 2 mai 2019

[8] Warren Mosler, « MMT : La monnaie en tant que monopole public » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], 19 mars 2014

[9] La devise fiat est une devise émise par l’État convertible uniquement en elle-même, par opposition à une devise nationale à taux fixe telle qu’un étalon-or ou une autre convertibilité en toute autre marchandise ou devise nationale fixée par l’état qui l’émet (comme les caisses d’émission, les devises nationales ancrées ou les unions monétaires). Les États-Unis, le Japon et la plupart des économies industrielles du monde, sont des exemples de systèmes monétaires de ce type, y compris la zone euro, bien que les différents pays n’y soient plus les émetteurs de leur devise nationale.

[10] Scott Fullwiler, « La MMT – Une introduction aux réalités opérationnelles du système monétaire » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], 30 août 2010

[11 Lorsque l’on parle de la capacité productive du système dans sa globalité, par ressources réelles on entend les ressources technologiques, les ressources naturelles et la force de travail. Mais lorsque l’on parle des acteurs économiques au niveau individuel, on prend en considération la production elle-même.

[12] Il s’agit de l’ensemble des règles qui définissent le marché : la propriété, les limites de l’espace dans lequel les forces du marché peuvent interagir, etc.

[13] Il s’agit de la manière dont l’État définit le marché. Donc le passif de l’État s’annule.

[14] Le marché entendu comme système de coordination des échanges, par opposition à des échanges isolés, autonomes, non coordonnés.

[15] Pavlina R. Tcherneva, « Monnaie, pouvoirs et régimes monétaires » [archive], sur https://mmt-france.org/ [archive], mars 2016

[16] Robert Cauneau et Ivan Invernizzi, « MMT : fondements historiques et logiques » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], 16 août 2019

[17] Warren Mosler et Mathew Forstater, « Un cadre analytique général pour l’analyse des monnaies et autres produits » [archive], sur https://mmt-france.org/ [archive], 1999

[18] L’épargne privée est un flux, contrepartie exacte du déficit public sur un exercice. La richesse financière du secteur privé est un stock, contrepartie exacte de la dette publique cumulée sur l’ensemble des exercices antérieurs.

[19] La MMT considère que la base monétaire est constituée de la devise nationale en circulation + les « comptes de réserve » des banques membres + les « comptes de titres » (titres d’État) : https://mmt-france.org/2019/05/28/fiche-n-7-definition-de-la-base-monetaire/ [archive]

[20] Warren Mosler et Damanio P. Silipo, « Maximiser la stabilité des prix dans une économie monétaire » [archive], sur https://mmt-france.org/ [archive]

[21] Il s’agit du même concept que celui de « l’État Employeur en Dernier ressort », ainsi que de l' »Emploi de Transition ».

[22] Pavlina R. Tcherneva, « Au-delà du plein emploi : L’Employeur en Dernier Ressort en tant qu’Institution pour le Changement » [archive], sur MMT France

[23] Plus précisément en termes de temps de travail non qualifié à intensité moyenne.

[24] Un stock tampon est un système selon lequel on achète les bonnes récoltes pour empêcher les prix de tomber en dessous d’une fourchette cible (ou d’un niveau de prix), et on libère des stocks lors de mauvaises récoltes pour empêcher les prix de dépasser une fourchette cible (ou un niveau de prix). Appliqué à la Garantie d’Emploi, le stock tampon est constitué des personnes qui entrent et/ou sortent du système.

[25] Daniele Busi, « Fiche conceptuelle sur Le Commerce Extérieur » [archive], sur https://mmt-france.org [archive]

[26] En devises locales les banques centrales étrangères sont des agents étrangers.

[27] Mathew Forstater et Warren Mosler, « Le taux d’intérêt naturel est Zéro (2) » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], juin 2005

[28] Bill Mitchell, « Le taux d’intérêt naturel est Zéro (1) » [archive], sur https://mmt-france.org [archive]

[29] Bill Mitchell, « Le taux d’intérêt naturel est Zéro (3) » [archive], sur https://mmt-france.org [archive]

[30] C’est-à-dire le prix de la devise en termes d’elle-même.

[31] Le mot « réserve » est ambiguë car il évoque l’action de « mettre de côté» quelque chose. Pour le système bancaire, les réserves sont un passif que l’État utilise comme moyen de paiement entre la banque centrale et les banques. Dans un système monétaire, 3 types de passifs de l’État sont possibles, ce qui veut dire que la devise peut prendre 3 formes : comptant (cash : pièces et billets), titres d’État et réserves. Lorsqu’un État dépense, il crédite un compte de réserve de la banque concernée ouvert dans ses écritures. Les réserves ne sont donc rien d’autre que les enregistrements comptables des opérations entre la banque centrale et les banques. Elles sont également utilisées pour réaliser les opérations interbancaires. Les réserves ne peuvent pas sortir des banques, car les banques ne prêtent jamais de réserves. Elles peuvent toutefois être converties en titres d’État ou en cash.

[32] Cela signifie que, toutes choses égales par ailleurs, si on augmente le taux d’intérêt, le point de départ des politiques économiques est modifié. Le niveau de toutes les variables utilisées est modifié et assis sur un niveau de départ structurel différent. Ainsi, le changement du taux d’intérêt modifie le niveau de départ du déficit, de l’inflation et de l’emploi.

[33] Le canal du taux d’intérêt est un mécanisme de politique monétaire, par lequel un changement du taux d’intérêt nominal à court terme par la Banque centrale influe sur le niveau des prix, la production et l’emploi. Warren Mosler plaide en faveur d’une causalité inversée par rapport à l’analyse orthodoxe et soutient qu’au lieu d’ajuster l’offre de réserves pour respecter son taux d’intérêt, en tant qu’émetteur monopoliste de réserves dans un régime de taux de change flottant, la banque centrale, en pratique, sert de fixateur de prix pour le niveau de réserves exigé par le système bancaire. La banque centrale intervient donc sur le prix (le taux d’intérêt), non sur la quantité (la masse monétaire).

[34] Contrairement à la plupart des banques centrales, Warren Mosler reconnaît que la structure par terme des prix est une fonction directe du taux d’intérêt qu’elles ont elles-mêmes fixé. Il considère que l’inflation est la structure par terme des prix auquel l’économie est confrontée. Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=ANOiB8GRvfA [archive]

[35] Warren Mosler, « Politique de taux de change et plein emploi » [archive], sur https://mmt-france.org [archive], 12 février 1998

[36] La structure par terme des taux d’intérêts est la relation entre (i) les durées des placements et des emprunts et (ii) les taux d’intérêt qui leur sont associés.

Liens externes


Illustration : welovebackpack.fr

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